La fermeture des réseaux Internet le 21 juin ..
… est l’occasion pour la presse de s’interroger sur les conséquences de ce black-out alors que l’armée birmane mène des opérations de représailles contre l’armée de l’Arakan faisant de nombreux morts et forçant la population civile à fuir.
Camille Magnard chroniqueur sur France Culture nous livre ce 25 juin 2019 une revue de presse internationale hautement documentée et référencée dont on trouvera le texte ci-dessous.
On nous apprend, en outre, l’existence d’une opération Sunrise, menée conjointement par les armées indienne et du Myanmar, entendant frapper les groupes militants ou insurgés opérant sur la frontière commune entre l’Inde et le birmane.
Une zone grise est apparue que la carte des télécoms asiatiques, et elle pourrait bien cacher un conflit particulièrement sanglant.
C’est en Birmanie que je vous emmène à présent, et même dans l’Etat côtier de Rakhine (ou Arakan), au nord-ouest. C’est la région des Rohingyas, ceux qui ont fui vers le Bangladesh voisin, et ceux qui sont restés malgré les persécutions. Et cette région, à lire The Guardian, concentre les pires inquiétudes de l’ONU et des ONG déployées en Asie du Sud-est : depuis vendredi, les opérateurs de téléphonie mobile ont tous interrompu leur service, sur ordre du gouvernement birman.
Et si c’est inquiétant, c’est parce que cette région, toujours selon The Guardian, est le théâtre depuis des mois d’une nouvelle flambée de violence. Les autorités accusent l’Armée de l’Arakan, qui se bat pour l’autonomie des hindouistes de la région, de multiplier des opérations de guérilla sanglantes. Et l’armée birmane s’est lancée, en représailles, dans des opérations militaires (non moins sanglantes) pour étouffer ce début de guerre civile. Cette recrudescence des hostilités, selon l’ONU citée par le Guardian, aurait déjà fait des dizaines morts parmi les civils et aurait forcé à l’exil au bas mot 35 000 d’entre eux. Mais il y a une autre dimension à ce conflit qui se déroule désormais en dehors des radars internationaux : dans The National, journal émirati, on apprend que l’Armée de l’Arakan se bat particulièrement contre plusieurs projets d’infrastructures qui menacent la région : les habitants particulièrement pauvres de l »Etat de Rakhine ne voient pas d’un bon oeil, d’abord la construction d’un pipeline chinois, et puis cet autre chantier colossal négocié entre la Birmanie et l’Inde : la construction d’un « carrefour de transports multi-modal« , qui relierait le port indien de Kolkota à celui, birman, de Sittwe, la capitale de l’Arakan. Toute la région serait ensuite traversée par une autoroute longue de 300 kilomètres à travers la jungle, pour rejoindre au nord l’Etat indien de Mizoram qui est complètement enclavé par le Bangladesh.
Ces chantiers-là, les autonomistes de l’Armée de l’Arakan n’en veulent pas, et à croire India Today, les Indiens sont allés ces dernières semaines jusqu’à envoyer leur armée en Birmanie, pour mener des opérations conjointes de nettoyages des foyers insurgés. Il y a donc bien une dimension économique, d’aménagement du territoire asiatique, à ce qui nous est présenté au premier abord comme une énième guerre civile birmane.
L’ONU citée par l’agence Reuters redit sa crainte que le black-out des télécommunications orchestré depuis 4 jours par les autorités, ne cache des exactions commises contre les civils de l’Etat de Rakhine. « La bataille contre la guérilla ne doit pas excuser des crimes contre l’Humanité« , écrit enfin Burma News International qui tient déjà le compte des villages, soupçonnés de complicité avec la guerilla de l’Arakan, qui ont été attaqués ou même bombardés par l’armée régulière… avec, à chaque fois, des civils parmi les victimes. Camille Magnard – France Culture – 25 juin 2019
Presse internationale citée :
Lire également le billet de : Info Birmanie